Handicap et sexualité : les enjeux de l'assistance sexuelle
Handicap et sexualité : les enjeux de l’assistance sexuelle

En France, ils seraient moins d’une dizaine à exercer l’activité d’assistant sexuel et ce, en toute clandestinité. En effet, le droit français assimile l’assistance sexuelle à de la prostitution. Pourtant, il n’est pas rare de croiser sur la toile des témoignages de personnes handicapées vantant les bienfaits de l’assistance sexuelle. Cet article fait donc le point sur les enjeux de l’assistance sexuelle en France. 

Qu’est-ce que l’assistance sexuelle ?

Le magazine Faire Face définit l’assistance sexuelle comme le fait de « prodiguer, dans le respect, une attention sensuelle, érotique et/ou sexuelle à une personne en situation de handicap ou de permettre, à leur demande, l’acte sexuel à deux personnes qui ne peuvent pas l’accomplir sans aide ». Néanmoins, cette définition reste vaste et reflète les divergences de point de vue quand à une définition de cette pratique. En effet, certains y voient uniquement des caresses et de la tendresse tandis que d’autres évoquent la pénétration. La notion de rémunération divise également l’opinion publique puisque certains pensent que la rémunération des actes d’assistance sexuelle est indispensable tandis que d’autres pensent que c’est le bénévolat qui l’est.

Tout le monde s’accorde donc pour dire que l’assistance sexuelle a pour but d’aider les personnes handicapées à soulager leur désir et leur frustration sexuelle mais c’est en ce qui concerne la manière de faire et le cadre de cette pratique que les avis restent partagés.

L’assistance sexuelle : quels bienfaits pour les personnes handicapées ?

Les personnes lourdement handicapées n’ont, parfois, jamais touché leur corps ou le corps d’une tierce personne. Certains se décrivent même comme « prisonnier de leur corps » et la possibilité de connaître, ne serait-ce qu’une fois, le contact physique serait alors une aide pour se sentir véritablement homme ou femme.

Le témoignage de Patricia Assouline, comédienne et handicapée moteur, paru dans Libération permet de mieux comprendre ce besoin, finalement humain, de contact physique  « j’entends tous les jours les appels au secours de mon corps. Il ne cesse de me réclamer de la tendresse, des caresses, des baisers ».

Pour Charly, atteint de la maladie des os de verre, l’assistance sexuelle est une forme de thérapie symptomatique « quand je suis dans un contact charnel, dans l’heure qui suit le rapport toutes mes douleurs disparaissent. On se sent mieux, on a le sourire, on a l’impression qu’on peut décrocher la lune » explique-t-il lors d’une interview sur France Inter.

L’assistance sexuelle permettrait donc de soulager des souffrances et de s’épanouir en tant qu’homme ou femme. Elle permettrait également d’avoir des réponses à certaines interrogations telles que « A quoi ressemble un corps masculin ? » ou « Qu’est-ce qu’un orgasme ? », questions que tout être humain se pose un jour ou l’autre.

Pourquoi la France refuse t-elle  d’encadrer légalement cette pratique ?

Dans le droit français, l’assistance sexuelle rémunérée est assimilée à de la prostitution. Ainsi, si des parents, auxiliaires de vie, directeurs d’établissement mettent une personne handicapée en relation avec un(e) assistant(e) sexuel(le), cet acte sera assimilé à du proxénétisme, punit par la loi française. Le Comité national d’éthique a rejeté le 11 mars dernier la demande de reconnaissance du métier d’assistant sexuel, demande qui avait été saisie en 2011 par Roseline Bachelot alors Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. L’une des raisons évoquée, en plus de la marchandisation du corps, a été celle du caractère privé de la sexualité d’un individu qui ne relèverait pas de la responsabilité de l’Etat.

L’assistance sexuelle est autorisée dans d’autres pays européens tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas. Cette pratique est très encadrée, notamment en Suisse, où il faut avoir suivi 300 heures de formation pour avoir le droit d’exercer. Les partisans de l’assistance sexuelle en France insistent sur la volonté de donner un cadre à la pratique pour éviter toutes dérives : formations, entretien préalable et suivi. Pour reprendre une expression de Patricia Assouline, l’assistance sexuelle semble être, actuellement, le seul moyen de délivrer les personnes lourdement handicapées d’une « mort affective ».

 

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